vendredi 30 septembre 2011

SEO et onanisme

Le post en question, celui-là qui me rapporte tant d'enthousiastes de la Veuve Poignet, date du 26 août et s'intitule élégamment "Top 10 Lady Gaga Porn"...
D'autres visiteurs y sont parvenus avec des mots clefs plus rares, qui tendent à prouver que Ségolène Royal n'est pas admirée que pour ses seules idées politiques. J'ai ainsi eu droit à "photos ségolène royalxxx", "segolene porn", "ségolène royal sextape", mais mon favori reste le très poétique "lagrossechate di segolene royal sexe xxx". Oui, oui. Véridique.

Bref, "The internet is for porn", comme le chantaient les marionnettes hilarantes d'Avenue Q.


Ah, et pour revenir sur la Veuve Poignet, un petit poème du romantique Théophile Gautier dans lequel se trouve cette jolie expression (et plein d'autres d'ailleurs, Gautier a un sens aiguisé de la formule !)

Solitude 

Je bande trop dans ma culotte
Je sors mon vit qui décalotte
          Son champignon.
Être à midi, seul dans ma chambre,
En tête à tête avec son membre,
          C’est du guignon !

Mon jacquemart me bat le ventre ;
Dans quelque chose il faut que j’entre,
          Cul, bouche ou con.
Mais je ne vois pas ma voisine
Lançant son œillade assassine
          De son balcon.

En vain Coco dresse sa huppe :
Dans la maison pas une jupe,
          Pas un bonnet.
La pine au poing, pose équivoque,
À défaut de con, je t’invoque,
          Veuve Poignet.

Grande Vénus masturbatrice,
Solitaire consolatrice
          Des amoureux,
Puisque je manque de maîtresse
Accorde au moins à ma détresse
          Tes plaisirs creux.

Prête-moi cette main adroite
Qui sait, d’une caresse étroite,
          Saisir l’engin,
Et fait jouer la pompe à sperme
Entre ses doigts qu’elle referme
          Comme un vagin.

Enseigne-moi, j’y suis novice,
Ce jeu que Tissot nomme vice,
          Ce jeu caché
Que Cupidon enfant pratique,
Épointant sa flèche érotique
          Loin de Psyché.

Les pieds appuyés au chambanle,
Lentement d’abord je me branle,
          Et puis presto :
Je développe mon extase,
Ponçant mon pilier de la base
          Au chapiteau.

Mais la Chimère ouvre la porte.
Une femme entre, à gorge forte,
          À reins puissants,
Qui retroussant chemise et cotte
Met sous mon nez sa grosse motte
          Aux crins frisants ;

Puis souriante se retourne,
Et ne sachant par où j’enfourne
          M’offre son cu.
Rubens, il faut que tu confesses
Par la ronde ampleur de ces fesses
          Ton air vaincu !

Mais je l’empoigne par les hanches,
Et j’écarte ses cuisses blanches
          De mon genou ;
Déjà ma pine triomphante
De l’abricot forçant la fente
          Y fait son trou.

Serrant le cul, haussant la croupe,
Les pieds en l’air comme en un groupe
          De Clodion,
Elle absorbe toute ma pine
Et retrouve de Messaline
          Le tordion.

Un flot de liqueur prostatique,
Du temple mouillant le portique,
          Écume au bord ;
Sous le choc du vit qui la pousse
Elle crie à chaque secousse :
          Oh ! va plus fort.

Les yeux noyés, de plaisir pâle,
Jusqu’à la garde elle s’empale,
          Comme autrefois
Du dieu Priape au fond d’un antre
Les filles s’enfonçaient au ventre
          L’outil de bois.

Je la transperce d’outre en outre.
Le spasme arrive : un jet de foutre,
          Un jet brûlant,
Parcourt mon dard comme une lave,
Jaillit, retombe, et de sa bave
          Poisse mon gland.

Quand j’ai bien égoutté mon tube,
Je vois s’envoler le succube
          Aux beaux seins nus,
Je deviens flasque, je débande,
Et je regrette mon offrande,
          Fausse Vénus.

Sur mes doigts en nappe s’épanche,
Déjà froide, la liqueur blanche ;
          Tout est fini,
Et j’offre pour ton microscope
Le résultat de ma syncope,
          Spallanzani !



mardi 27 septembre 2011

Golden Blog Awards : un petit vote, à votre bon coeur

Comme je ne doute de rien, j'ai inscrit ce blog BD aux Golden Blog Awards. C'est sympa comme tout, et ils ont en plus un gros logo qui fait joli sur fond blanc :

logo golden blog awards 2011

Quand même, hein ? Si c'est pas du logo à l'américaine, ça ! 
Bref, vous pouvez voter pour ce blog en cliquant sur le bouton ci-dessous, ou directement sur la fiche d'Al & Daryl sur le site des Golden Blog Awards. Accessoirement, vous pouvez consulter les blogs de la concurrence qui, bien entendu, ne sauraient arriver au plus bas de la cheville de celui de votre serviteur. 


Ah, et bien entendu, n'hésitez pas à faire tourner, tweeter, facebook liker, partager, imprimer et coller dans la rue, en parler à votre boulangère, podcaster ou crier à la lune. 

Petites orgues et gueule de bois


C'est sans doute très poétique, les orgues de barbarie, mais devoir les subir de bon matin, là, sous sa fenêtre, me donne parfois des envies de meurtre. 


lundi 26 septembre 2011

Sarkozy, valises, Karachi, sénatoriales : en route vers 2012 ! (guest-star David Douillet, ministre misogyne et homophobe ?)



Alors que je publie cette planche, la toile bruisse des propos tenus par David Douillet (fraîchement nommé Ministre des sports) en 1998. Voir par exemple cet article du Monde, que je cite directement ci-dessous. Pour le dire rapidement, je suis atterré :
"Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant, explique-t-il. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer."
"On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes !".
OMG : oui je suis misogyne, mais en plus je suis homophobe ? Bravo. Entre les auvergnats d'Hortefeux , le problème du nombre de musulmans de Guéant et les tapettes de Douillet, Sarkozy sait décidément choisir ses amis...

vendredi 23 septembre 2011

Design et désespoir


Une petite note d'avant week-end, inspirée par la grâce éléphantesque - barrissement compris - de ma brave boulangère, perdue au milieu du magasin de porcelaines de sa flambante échoppe.


Plaisirs cyniques et douche froide




Pierre Desproges disait qu'on pouvait rire de tout, mais pas avec n'importe qui. A commencer par soi-même, probablement.





mardi 20 septembre 2011

Enigmes d'Al & Daryl, épisode 1 : indice toujours, étape 4 une nouvelle fois

Le débat TV des primaires PS, by Twitter

Le débat des primaires PS vu par la lorgnette de Twitter
Une petite note tout ce qu'il y a de plus véridique, aussi rapidement réalisée que je la publie en retard...
Il va vraiment falloir que je regarde le prochain débat TV opposant les candidats socialistes aux primaires ! Et je me dis que quelques journalistes un peu pointus parmi mes "followed" contribueraient grandement à la dignité et à la quête de sens, pour reprendre une formule chère à TF1, de mon fil de news !
Enfin j'aime bien l'idée du twittolol, toujours à la recherche d'une nouvelle vanne et que j'imagine frétiller d'aise au moindre retweet (comme @Freud_is_alive, par exemple)... A mettre en parallèle avec les bashers, sans doute.

dimanche 11 septembre 2011

Enigmes d'Al & Daryl, épisode 1 : un nouvel indice, pour l'étape 4 cette fois...

Il est temps de quitter le perchoir, amis chercheurs !

Rémi Delatte a-t-il censuré le jeu "Casse-toi pov' con" de Martin Vidberg / Ludovic Maublanc ?

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EDIT du 12 Septembre :
La polémique enfle sur le net et les parties concernées communiquent : difficile de démêler le vrai du faux, je change donc le titre de ce post : un interrogatif "a-t-il censuré" me paraît préférable, aujourd'hui, à un affirmatif "censure".

France 3 Bourgogne y va de son petit post qui semble aller dans le sens des événements tel que relaté par Vidberg : http://bourgogne.france3.fr/info/st-apo-casse-toi-pov-con-ou-est-passe-le-jeu--70364893.html
"Deux journalistes de la télévision régionale avaient rendez-vous au festival du jeu Ludimania pour un sujet sur un jeu de société baptisé "Casse-toi pov' con". Mais, quand ils ont sorti leur caméra, le jeu s'était volatilisé…"

Le maire répond par l'indignation et le démenti : http://www.remi-delatte.com/terrain.php#R%C3%A9tablissement%20des%20faits%20:%20Pol%C3%A9mique%20autour%20du%20jeu%20%22Casse%20toi%20pov%27con%22
"Contrairement à ce qui est dit, je ne suis jamais intervenu pour demander le retrait du jeu « casse toi pov’con ». Ce jeu a été présenté pendant les deux jours ; je l’ai d’ailleurs personnellement découvert samedi en fin d’après midi lors de ma première visite sur le festival.
Contrairement à ce qui est dit, je n’ai commis aucune pression contre les organisateurs ou les journalistes. Je mets au défi qui que ce soit d’affirmer le contraire. "

Quant aux commentaires sur le blog de Vidberg... le point Godwin a été atteint !

Bref, suspension du jugement en attendant plus d'éléments.

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Ludovic Maublanc (auteur de jeux de société, et notamment du formidable Mr. Jack) et Martin Vidberg (l'auteur / dessinateur de l'Actu en patates) ont récemment sorti un jeu très sympathique chez Cocktaïl games, mettant en scène diverses personnalités politiques françaises sans partisanisme. Chaque joueur tente d'emporter la présidentielle en serrant un maximum de mains et en rencontrant des journalistes. Il fallait un titre accrocheur, et Maublanc / Vidberg ont opté pour "Casse-toi pov' con".


Vidberg était attendu hier au festival de jeux de société Ludimania, à Saint-Apollinaire, pour une séance de dédicace. A cette occasion, France 3 projetait de réaliser un reportage sur "Casse-toi pov' con". La mairie l'apprend et décide non seulement de s'opposer au reportage (elle subventionne la manifestation, ses organisateurs ont donc intérêt à filer droit), mais également d'interdire la dédicace et de faire remballer ses boites à Cocktaïl games !!
Toute l'histoire, relatée par Martin Vidberg : http://vidberg.blog.lemonde.fr/2011/09/11/quand-une-mairie-interdit-un-reportage-sur-casse-toi-povcon/

Je me demande vraiment ce qui a pu passer dans la tête de Rémi Delatte, le maire de Saint-Apollinaire, pour ordonner une censure aussi lamentable, pathétique et étonnante - on est quand même en 2011 et en France !
Trois possibilités :
- Un de ses adjoints, pas très inspiré, aura voulu faire du zèle (Delatte étant UMP, la tournure toute sarkozienne du titre aurait pu lui déplaire).
- Rémi Delatte a eu les chocottes de voir sa circonscription associée à un jeu qui, par son titre, semble attaquer le grand patron, le big boss, l'homme de 2012.
- Rémi Delatte est un imbécile à tendance fasciste.

Evidemment, j'imagine que cet épisode ne va pas véritablement impacter les ventes de "Casse-toi pov' con", mais voir la liberté d'expression bafouée aussi bêtement, ça fait froid dans le dos. Sans compter que j'aime beaucoup Maublanc et Vidberg. Si on avait censuré Philippe Delerm ou Marc Levy, j'aurais probablement laissé à d'autres le soin de s'indigner...

Le pigeon et le néant

vendredi 9 septembre 2011

Psychanalyse et commodités

Ainsi que le posait le stoïcien débonnaire du Livre de la Jungle, "Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux" (Baloo, The Jungle Book, Walt Disney, 1967). Une théorie dont le caractère joyeux éclipse hélas les nombreuses lacunes !  Quid, par exemple, du distingo Hobbesien entre satisfaction et félicité : "Celui dont les désirs ont atteint leur terme ne peut pas davantage vivre que celui chez qui les sensations et les imaginations sont arrêtées. La félicité est une continuelle marche en avant du désir, d'un objet à un autre, la saisie du premier n'étant encore que la route qui mène au second." (Thomas Hobbes, Leviathan, 1651).

Elle n'interroge pas non plus la nature des satisfactions. Baloo développe sa thèse en insistant majoritairement sur les plaisirs sensibles (et gratuit, ce qui le rapproche d'un Diogène de Sinope) : eau fraiche, rayons de miel et de soleil, et bien entendu les gros cailloux avec des fourmis dessous. Mais on pourrait également distinguer les plaisirs intellectuels, et, dans le cas de ce strip, les satisfactions psychologiques dont les racines plongent dans la constitution même de l'identité. Que j'aime les sushis ou Ken Follett ne concerne que de manière lointaine mon identité (et encore, on pourrait largement pinailler), mais éprouver un sentiment de joie à briser un tabou ou m'affranchir une règle... 

Du coup, je me demande si je dois me réjouir de me réjouir. Ô, mise en perspective, tu auras ma peau.

 

mercredi 7 septembre 2011

Il y a une vie hors des blogs BD

Salut à tous !
Des petites news pas dessinées et en vrac (et promotionnelles, aussi).




Honneur aux demoiselles de Smoking Smoking sort son EP le 12 septembre : assurément le groupe à suivre de la rentrée !
L'occasion de revoir le très joli clip de leur premier single, Are we lucky, signé Mark Maggiori et de devenir fan Facebook.




Corybantes, le petit groupe de rock français qu'on aime bien, se produira jeudi soir (oui, demain) au très sympathique bistrot l'Epoque, place de la Contrescarpe. Oh, la belle affiche ! Bon, Corybantes  n'a pas encore enregistré de démo, mais la page Facebook est déjà en place (sans blague ?) 




La première énigme d'Al & Daryl ne devrait pas tarder à être élucidée - il semble que pas mal de monde soit au perchoir de labeur... 
La deuxième énigme est en cours d'élaboration et sera mise en ligne dès proclamation d'un gagnant pour la première. 
Bref, dépêchez-vous de trouver les mots morts !





Enfin, Al et Daryl s'est inscrit à Google+, you hou hou ! C'est ici que ça se passe.
Bon. On va voir si ça sert à quelque chose. 
Doute. 
Scepticisme. 
Wait and see.



lundi 5 septembre 2011

Finalisme et contingence

Lorsque j’avais six ans, huit tout au plus, pendant ces années insouciantes dopées au calcium et aux vaccins où les amours sexués et les affres acnéiques ne sont qu’un horizon plutôt nébuleux, je restais souvent dans le temple égotiste de ma chambre à bâtir en briques de Lego des empires ou des moulins à vent. Et beaucoup de vaisseaux spatiaux, aussi, mes semaines étant rythmées par les épisodes de Star Trek que diffusait la Trois tous les vendredis soir. Bref, j’avais la fibre pour l’ingénierie, je me voyais marchant dans les pas de Géo Trouvetou, ami de Donald Duck et génial inventeur, et n’envisageais mon futur que dans cette fameuse école Polytechnique censée assurer un avenir à mes naïves ambitions. Oh, j’avais bien un GI Joe - tous mes amis en possédaient et à six ans, on a déjà compris que normalité et similitude facilitent considérablement la bonne santé des interactions sociales - mais le malheureux soldat de plastique, arthritique et émasculé dès sa sortie de blister, rongeait son frein au fond du gnouf de ma malle à jouets. J’avais beau être un gros lecteur, je ne trouvais aucun intérêt à me projeter, pantin inexpressif en main, dans des histoires de faits d’armes héroïques et de guerres interminables. Comment l’aurais-je pu, quand l’assemblage de mes petites briques multicolores m’élevait au rang de démiurge ? Comment être un poète, quand j’expérimentais ma puissance et la contingence de ma création en envoyant s’écraser contre le mur - pulsar de fortune - les trois heures de travail du vaisseau léviathan à peine achevé ?

Daryl terrorisant le peuple Lego

Pour autant, je me laissais souvent vaincre par mon imagination, et nourrissais une franche obsession pour une sorte de fantaisie que je ne savais pas alors désigner pour ce qu’elle était : une hypothèse finaliste, teintée de cosmogonie et d’eschatologie, n’ayons pas peur des mots. Elle s’articulait - sans artifice littéraire - autour des propositions suivantes : 
  • rien, autour de moi, n’était vrai. Le monde qui m’entourait n’était pas un rêve ou une illusion, mais un décor construit à mon attention
  • mes parents n’étaient pas «vrais» non plus (une seconde assertion certes contenue dans la première, mais du bas de mes six ans, l’affectif prenait souvent le pas sur la stricte logique théorique).
  • j’avais étais mis là par des extraterrestres, à des fins de formation, d’apprentissage, d’entraînement (l’imprécision de l’objectif rendait la chose encore plus palpitante). Une fois prêt, j’aurais été rappelé à la vraie vie, à une existence douée de sens, dans laquelle j’aurais eu une place, un propos, une mission... En un mot, un but et une raison d’être. Lesquels, pourquoi, qu’est-ce qui m’y qualifierait finalement, tout cela n’avait d’égal dans l’obscur que le grand mystère de la fabrication des enfants. Une chose, pourtant, était claire : ma vie prendrait sens.    

Daryl découvrant son ascendance en mode Star Wars et nourrissant quelques doutes quant à la partie pratique de sa conception

Autant vous dire que sur les bancs de la fac de philo, Narcisse découvrant la caverne platonicienne, le doute cartésien, les méditations husserliennes et les cheveux coupés en quatre par leurs disciples respectifs, je me voyais en natural born phenomenologist et gonflé d’aise, ne me sentant plus de joie, j’abandonnais volontiers mon fromage à mes renards de collègues. 

Maitre Corbeau aime les flatteries plus que le camembert

Certains indices, certaines expériences, me confortaient dans mon intuition. Ainsi, presque tous les étés, mes parents et moi partions en vacance dans le sud de la France. Nous descendions l’A7 et j’avisais régulièrement des portions d’autoroute ressemblant étrangement à d’autres, déjà parcourues. Tiens donc. Hum... Par où je retrouvais ma théorie : en réalité, notre véhicule décrivait une patiente course circulaire, si longue qu’elle semblait droite, tandis que les régisseurs extraterrestres changeaient le décor après notre passage. Ainsi, j’aurais dû croire que nous avions, effectivement, parcouru huit cent kilomètres. Mais je les repérais, ces sorties toutes identiques, ces bretelles qui n’avaient pas été changées, ces arrangements végétaux, sur les bas côtés, que nous avions déjà croisés. Fainéants d’aliens, incapables de se renouveler !

Que venaient faire ces extraterrestres dans ma théorie ? Hum... Il faut préciser que dès mon plus jeune âge, j’ai cessé de croire en Dieu, au Père Noël et à la fée des dents : de mon point de vue, ils étaient tous trois à mettre dans le même panier. Les extraterrestres, parce qu’ils pouvaient exister dans l’infinité de l’univers (difficilement concevable, mais s’il s’arrêtait quelque part, qu’y avait-il après ?), offraient toute la transcendance nécessaire à mon hypothèse sans ressortir d’une fable pour enfant. 

Avec le recul, je crois que l’exemple du Père Noël, dont mes parents me confirmèrent rapidement l’inexistence, fit beaucoup pour mon incrédulité quant au divin. Si le gros barbu n’existait pas, pour des raisons évidentes, pourquoi aurais-je dû accorder plus de foi à un Dieu qui ne trouvait rien de mieux qu’aller faire crucifier son fils - qui ne l’était pas vraiment, trinité oblige - et le faire déguster, chair et sang, tous les dimanches matins par d’insupportables bigottes ? Tout ça pour le salut des hommes ? Le lien entre la croix et la rédemption m’échappait complètement. Pour le dire avec le bon sens de l’internaute du commun : OMG WTF ?

Epiphanie sceptique du Jeune Daryl dans une église recueillie

Cette hypothèse/théorie/espérance finaliste vint régulièrement frapper à la porte de mon désoeuvrement d’enfant. Je me souviens de l’ennui. Les jeux sont tristes, hélas, et j’ai lu tous les Oui-Oui. On ne fuit pas en steamer quand on a six ans. On ne croit pas à l’adieu suprême des mouchoirs et les exotiques natures se condensent dans le parc d’à côté, celui-là dont on n’a que trop vu les cygnes et les canards. Parmi les quelques souvenirs que n’a pas impitoyablement tranché le fil du temps, il me revient des images de moments d’ennui déchirant.

Puis vint l’adolescence, le bouillonnement des hormones, les interdits fardés en vieilles putes, attendant impassibles d’être transgressés. L’émergence de l’appétit sexuel, les premières masturbations, le corps des copines qui s’arrondit plaisamment, les fantasmes, la découverte de la musique, de l’art, de l’alcool, de la cigarette, les premières virginités qui tombent, autour de soi, la caractérisation identitaire sur fond d’impératifs sociaux plus normatifs que jamais. La liberté d’un vélo, les nuits chez les potes, le spiritisme, les analyses psychologiques à deux francs à partir de trois concepts freudiens mal compris, les expériences partagées loin des yeux parentaux. 

L’adolescence, une parenthèse douloureuse, humiliante, et merveilleuse tout à la fois. 

les affres de l'adolescence - structures sociales de la cours d'école

Evidemment, à cet âge là, mon hypothèse finaliste n’était plus rien qu’un rêve d’enfant, pas plus crédible que le postulat divin. Et surtout, s’il m’arrivait d’être ponctuellement lassé, je ne m’ennuyais pas. Trop gros à une période de la vie où l’apparence physique se révèle tristement cruciale, j’eus une adolescence timide, et difficile, conséquemment. J’en ai connu, alors, des souffrances morales, mais ne me suis jamais embourbé dans les ornières de l’ennui : le trop-plein d’expériences à vivre n’en laissait guère la liberté. 

Les années étudiantes furent du même acabit : l’apprentissage de la vie parisienne, tout à fait détachée de la sphère parentale, l’établissement de mes goûts, le choix d’une carrière, les relations amoureuses qui se stabilisent... 

En un claquement de doigts, la vie professionnelle. Finies, les soirées à réviser, les devoirs à rendre, enfin libre. Les années passent plus vite, non ? Les vacances aussi. Ah, oui. Elles ne durent plus deux mois en été. Tout est sur des rails, on a travaillé pour ça, mais les expériences nouvelles commencent à se raréfier dangereusement, non ? Un appartement, un couple, un CDI, des journées qui se suivent et se ressemblent, des vacances pour décompresser, et pour remettre ça ensuite. Hum... Quelle est l’étape suivante ? Les vacances, comme pour tous ces autres qui travaillent pour s’offrir un prochain séjour à l’autre bout du monde ? Je les vois, toutes ces filles, sur les sites de rencontres que je fréquente, qui adôôôôôrent voyager. Mais c’est l’éternel retour ramené à une année, ma bonne dame ! Pas de ça pour moi. Dans ce cas... c’est la retraite ? Ah. Dammit ! 

J’ai fait et continue de faire mes choix sans que personne n’ait rien à y redire : c’est la liberté, je crois. D’où vient, alors, cette sensation de complète aliénation ? Tout semble écrit, même pour le chat de Schrödinger : il n’y a plus de flacon de gaz mortel dans la boite, le chat ronronne tranquillement. A défaut de mourir, il tue le temps. Les chats sont doués pour ça : pas moi. En quête de jouissance, je vais donc m’abandonner dans les expériences sensibles et intellectuelles, sauter du train pour rendre possible le possible. Trouver ces steamers dont parle Mallarmé, avant que la chair ne soit triste et que ma bibliothèque ne soit complètement lue.

Je contemple mon finalisme d’enfant avec nostalgie et envie. Qu’attendez-vous, les extraterrestres ? Je suis prêt, je vous attends.



Représentants du peuple légo en colère

samedi 3 septembre 2011

Eucharistie et marketing

Un anachronisme s'est glissé dans ce strip : sauras-tu le retrouver ?

La communion est toujours restée un mystère pour moi.  Je la respecte comme rituel, mais si j'en comprends la théorie, elle me laisse toujours aussi songeur...

On me fait remarquer que j'apprécie beaucoup les thèmes religieux - sous-entendu, mais tu ne serais pas en pleine quête spiritualo-mystique ? Hé bien non. Ce n'est pas le spirituel qui m'attire, mais le caractère légendaire/mythique, la dimension sacrée des deux testaments. Un intérêt similaire me fait apprécier la mythologie grecque, avec ses châtiments divins, ses amours impossibles/incestueux/cachés et son ingérence capricieuse dans les affaires humaines. Bref, ami lecteur, non, je ne cherche pas Dieu. Vive l'agnosticisme.